La sexuelle — Naomi Henry

Éléonore (artiste performeuse) et moi sommes enroulées dans une couette teinte au jus d’aubergine, afin de simuler des traces de sang de règles comme trouvées habituellement, dans les draps (expérience marquante très commune pour les personnes nouvellement ou pas, mentrué.e.s). Le costume de ma performance s’accompagne d’un masque peint et cousu à la main ressemblant à un second visage avec deux antennes. Une face que je considère comme la tête d’un imago (papillon adulte) tandis que le corps camouflé dans son cocon, s’exténue et vit, sa transformation douloureuse est encore à l’abris d’une exposition. Malgré tout le mouvement interne, subtil, du corps animé se courbe, se crispe au gré des crampes utérines et le souffle court mais bruyant s’entend au loin. Alors d'abord inaperçu dans l'espace d'exposition, il s'agit de faire la découverte sensible de ma mutation en train d'être la plus naturellement possible. À la même manière qu'un.e explorateurice observe un stade éphémère et épiphanique du developpement d'un.e être vivant.e, je cherche à symboliser et réparer par l'image poétique, mon passage à la sexualisation de mon corps. Grâce aux mêmes mouvements de l’espèce du papillon, finalement je dialogue avec les vécus du passage à l'âge adulte des humain.e.s.

MENU